Mémoires pour servir à lHistoire de mon temps

François Pierre Guillaume Guizot
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Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps

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Title: Mémoires pour servir à l'Histoire de mon temps (Tome 5)
Author: Fran?ois Pierre Guillaume Guizot
Release Date: May 1, 2006 [EBook #18294]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MéMOIRES
POUR SERVIR A
L'HISTOIRE DE MON TEMPS

PAR
M. GUIZOT
TOME CINQUIèME
PARIS MICHEL LéVY FRèRES, LIBRAIRES-éDITEURS RUE VIVIENNE 2 BIS, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15, A LA LIBRAIRIE NOUVELLE.
1862

CHAPITRE XXVII
MON AMBASSADE EN ANGLETERRE.
Mon arrivée en Angleterre; aspect général du pays.--Mon établissement dans Hertford-House, h?tel de l'ambassade.--Je présente à la reine Victoria mes lettres de créance.--Incident de cette audience.--Situation respective de l'aristocratie et de la démocratie dans le gouvernement anglais.--Mon premier d?ner et ma première soirée chez lord Palmerston.--Lord Melbourne et lord Aberdeen.--Le duc de Wellington.--Mon premier d?ner chez la reine, à Buckingham-Palace.--Lever que tient la reine au palais de Saint-James.--Chute du maréchal Soult et avénement de M. Thiers.--Dispositions du roi Louis-Philippe.--Situation de M. Thiers.--Opinions diverses de mes amis sur la question de savoir si je dois rester ambassadeur à Londres.--Raisons qui me décident à rester.--Mes lettres à mes amis.--Commencement de la correspondance entre M. Thiers et moi.
J'avais beaucoup étudié l'histoire d'Angleterre et la société anglaise. J'avais souvent discuté, dans nos Chambres, les questions de politique extérieure. Mais je n'étais jamais allé en Angleterre et je n'avais jamais fait de diplomatie. On ne sait pas combien on ignore et tout ce qu'on a à apprendre tant qu'on n'a pas vu de ses propres yeux le pays et fait soi-même le métier dont on parle.
Ma première impression, en débarquant à Douvres, le 27 février 1840, fut une impression de contraste. A Calais, moins de population que d'espace, peu de mouvement d'affaires, des promeneurs errants sur la place d'armes ou sur le port, quelques groupes arrêtés ?à et là et causant tout haut, des enfants courant et jouant avec bruit; à Douvres, une population pressée, silencieuse, ne cherchant ni conversation ni distraction, allant à ses affaires; sur une rive, le loisir animé; sur l'autre, l'activité préoccupée de son but. A mon arrivée à Douvres comme à mon départ de Calais, des curieux s'approchaient de moi; mais les uns regardaient pour s'amuser, les autres observaient attentivement. Pendant ma route en poste de Douvres à Londres, j'eus d'abord une impression semblable; en traversant soit les campagnes, soit les villes, dans l'aspect du pays et des personnes, ce n'était plus la France que je voyais; après deux heures de voyage, cette impression avait disparu; je me sentais comme en France, dans une société bien réglée, au milieu d'une population intelligente, active et paisible. Sous des physionomies diverses, c'était la même civilisation générale. On passe sans cesse, en Angleterre, de l'une à l'autre de ces impressions; ce sont tant?t les différences, tant?t les ressemblances des deux pays qui apparaissent. J'arrivai à Londres vers la fin de la matinée; j'avais voyagé par un beau soleil froid qui entra, comme moi, dans le vaste brouillard de la ville et s'y éteignit tout à coup. C'était encore le jour, mais un jour sans lumière. En traversant Londres, rien n'attira vivement mes regards; édifices, maisons, boutiques, tout me parut petit, monotone et mesquinement orné; partout des colonnes, des colonnettes, des pilastres, des figurines, des enjolivements de toute espèce; mais l'ensemble frappe par la grandeur. Londres semble un espace sans limites, plein d'hommes qui y déploient contin?ment, silencieusement, leur activité et leur puissance. Et au milieu de cette grandeur générale, la propreté extérieure des maisons, les larges trottoirs, l'éclat des carreaux de vitre, des balustrades en fer, des marteaux de porte, donnent à la ville un air de soin et de bonne tenue qui se passe presque de bon go?t.
La première figure connue que j'aper?us dans les rues fut celle de lady Palmerston dont la voiture croisa la mienne. J'arrivai enfin à l'h?tel qu'occupait alors l'ambassade de France, Hertford-House, dans Manchester-Square; grande maison entre une petite cour sablée et un petit jardin humide, belle au rez-de-chaussée et convenablement arrangée pour la vie officielle et mondaine, assez nue et peu commode, au premier étage, pour la vie domestique. J'étais seul, avec le personnel de l'ambassade; j'avais laissé ma mère et mes enfants à Paris; mon installation fut facile. A tout prendre, l'aspect de l'habitation et des environs me convint; j'écrivais quelques jours après: ?J'éprouve
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